Paysage, peinture de, genre pictural qui élève la nature au rang de sujet.
Alors qu'en Orient et en particulier en Chine, le paysage joue dans l'art un rôle primordial depuis des époques reculées, c'est seulement au XVIe siècle qu'il devient un genre à part entière dans la peinture occidentale, cependant moins prisé, à l'origine, que le portrait.
Si les éléments de paysage épars dans les représentations artistiques de l'ancienne égypte et de la Grèce antique se limitaient à une fonction symbolique ou décorative, les Romains, en revanche, semblent être les premiers à vouloir dépeindre la nature pour elle-même, à l'instar de leur poésie ; Pline l'Ancien évoque à ce titre, au Ier siècle de notre ère, « la mode de décorer les murs de peintures représentant maisons campagnardes, portiques, jardins, bosquets, bois, collines, étangs, canaux, cours d'eau ou rivages ». Quelques fragments de telles peintures murales subsistent dans l'ancienne cité de Pompéi, ensevelie lors de l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C.
Pendant la majeure partie du Moyen âge, la fonction et la finalité de l'art étant presque exclusivement religieuses, le paysage n'apparaît dans la peinture que rarement et de façon accessoire. C'est aux alentours du XIVe siècle que la représentation de la nature commence à acquérir ses lettres de noblesse. Il devient de plus en plus fréquent de situer les scènes religieuses dans un environnement à la fois bucolique et pittoresque. Cette évolution est le signe, d'une part, d'une redécouverte spirituelle de la nature (introduite dans la religion chrétienne par saint François d'Assise) et, d'autre part, de l'esprit d'observation scientifique qui marque la Renaissance. Les historiens d'art s'accordent généralement à reconnaître dans la Pêche miraculeuse (1444, Musée d'Art et d'Histoire, Genève), de l'artiste suisse Konrad Witz, la première représentation identifiable d'un lieu existant, en l'occurrence un rivage du lac Léman. Par ailleurs, c'est à l'Allemand Albrecht Altdorfer que l'on attribue les plus anciens tableaux parvenus jusqu'à nous exempts de tout personnage. Parmi ceux-ci figure le Paysage à la passerelle (1520), conservé à la National Gallery de Londres.
En 1600, le paysage (le terme lui-même apparaît dans la langue française au XVIe siècle) devient un véritable genre artistique, davantage pratiqué dans le nord que dans le sud de l'Europe. C'est au siècle suivant, en Hollande (dans une nation récemment libérée du joug espagnol), qu'il connaît sa première grande période. Les spécialistes considèrent généralement Jacob Van Ruysdael, artiste du milieu du XVIIe siècle, comme le plus grand paysagiste hollandais aux côtés de nombreux autres artistes de talent (Albert Cuyp, Jan Van Goyen).
Alors que le paysage hollandais est marqué par le naturel, une conception différente du paysage « idéal » se développe en Italie, caractérisée par un ordonnancement scrupuleux des éléments du tableau, arrangés en d'élégantes compositions qui mettent en valeur des sujets mythologiques ou religieux. Ce style, qui apparaît pendant la première décennie du XVIIe siècle, est magnifiquement exploité par le Bolonais Annibal Carrache, mais ses plus célèbres représentants restent le Lorrain et Nicolas Poussin, peintres français actifs à Rome au milieu du siècle. S'inspirant de l'art de la Rome antique, leurs œuvres transmettent les principes classiques d'ordre, de clarté et de sérénité. Le paysage idéal ou classique, devenu fort prisé des artistes, influence la peinture de nombreux autres pays.
Ce style demeure florissant jusqu'au XIXe siècle, côtoyant d'autres approches, comme celles de Caspar David Friedrich , en Allemagne, et de Joseph Mallord William Turner , en Grande-Bretagne, tous deux cherchant à traduire le côté mystique qui se dégage de la nature. Aux états-Unis, l'école de l'Hudson River relève du même esprit, associé toutefois à une glorification patriotique de la beauté des paysages, dans des toiles qui pour la plupart représentent des vues de montagne. à la même époque, des artistes tels que Camille Corot en France et John Constable , en Grande-Bretagne, enrichissent cette tradition picturale d'un nouveau regard, observation bienveillante d'un quotidien idéalisé. Leurs œuvres, surtout par leur tentative de rendre la fugacité des effets lumineux, influencent les impressionnistes français, dont le style amènera le triomphe du paysage. Au XXe siècle, ce genre reste le thème de prédilection de peintres figuratifs. Il constitue, en outre, un point de départ pour les peintres d'avant-garde, comme on le constate en particulier dans certaines compositions abstraites, ainsi que dans les toiles oniriques des artistes surréalistes.
© 1997 Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2002 en ligne
http://encarta.msn.fr
© 1997-2001 Microsoft Corporation.
Tous droits réservés.